3 janvier 2009
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Dessin réalisé par Valérie-Anne Bertin
Yoru était une jeune japonaise d'ordinaire si douce et tellement serviable. Elle était fière, certes, mais elle obéissait à son maître avec une servitude qui trahissait son amour pour lui. Si elle ressentait qu'il l'aimait en retour, il ne lui avait jamais fait la promesse qu'ils pourraient bientôt être ensemble sans pour autant avoir à se cacher. Elle souffrait timidement de cette frustration et n'osait parler de ses sentiments à personne, pas même à son meilleur ami qui était si souvent son confident.
Un soir, n'en pouvant plus de ses peines, elle avait laissé au maître un message aussi doux que l'était son coeur. Elle lui demandait s'il pouvait lui promettre que sa douleur serait bientôt apaisée et s'ils exprimeraient enfin leurs sentiments en public. Le maître avait lu son message mais il tardait à répondre. Sans doute avait-il besoin de temps pour choisir ses mots. Cela faisait deux jours et Yoru commençait à s'impatienter. Son coeur se serrait à chacune de ses pensées pour lui...
Le soir arriva. Yoru nettoyait l'armure du maître quand celui-ci fit coulisser la porte de la pièce pour entrer. La jeune femme s'arrêta puis prit le sabre du samouraï, son maître, dans sa main droite. Elle regardait le katana d'un air incroyablement dur et presque menaçant. Elle continuait de serrer l'arme comme si sa vie en dépendait et se tourna vers le samouraï. Son regard inflexible s'illumina. Elle lui dit :
"Il est des gens pour qui la vie est un jeu,
pour d'autres c'est un voyage,
certains pensent : c'est une belle vacherie,
pour moi c'est un combat permanent.
Si, sans raison apparente,
je regarde dans le vide,
ce peut-être pour ne pas pleurer
Si je me tais,
pour me contenir
et si je m'isole,
pour me protéger."
Elle posa le sabre à son emplacement habituel et, dans un silence ultime accompagné de sa grâce traditionnelle, quitta la pièce.